samedi 2 juillet 2016

Le Douanier Rousseau (1844 -1910) - Pas si "naïf" ?



Le Rêve

Le Douanier Rousseau (1844 -1910) Pas si "naïf" ?
Par Valérie Morales

Elle était si naïve la peinture de Henri Rousseau, celui que l'on appelait "le Douanier Rousseau" que même les peintres amateurs pensent pouvoir l'imiter. Pourtant il avait une "vraie" technique, un "vrai" style, car c'était un "véritable" artiste, qui avait étudié la musique et le dessin et qui savait écrire.

Et cet incompris, celui dont se moquaient les intellectuels bien-pensants, s'est imposé peu à peu parmi les plus grands et a marqué une nouvelle génération de peintres. Les naïfs oui, mais aussi les fauves, les cubistes....

Un véritable précurseur en somme, méprisé une bonne partie de sa vie, reconnu sur le tard, mais avec un rayonnement tel, qu'il crée un courant de peintres appelé "les primitifs" ou "les naïfs du XXème siècle".

La guerre
Au salon des indépendants en 1894, quelques années après l'Exposition Universelle, après quelques années d'une vie médiocre, son génie apparaît enfin au grand jour à travers des oeuvres inattendues par l'originalité de leur thème telles que "La Guerre" puis " Eclaireurs attaqués par un tigre", "Le lion ayant faim"...

Le douanier Rousseau disait avoir été au Mexique.. mais il est fort probable que les savanes et animaux sauvages de sa période exotique soient inspirés directement du Jardin des Plantes à Paris puisqu'il n'aurait jamais voyagé. Un décor végétal fantastique et sa promiscuité avec les animaux, une connivence que l'on ressent à travers ces peintures, à moins que ce ne soit de la peur... même les maladresses du douanier Rousseau apparaissent telles subitement géniales et sans doute à l'origine de l'engouement ressenti par ses pairs Picasso, Delaunay et toute l'avant garde....



Le lion dans la tempête

Le lion ayant faim




La bohémienne endormie

D'inspiration moderne , sociale et humanitaire avec de fortes convictions républicaines transposées en allégories pleines d'imagination, les oeuvres symboliques du Douanier Rousseau comme "La guerre", "le Rêve", ou "New York" ont une fraîcheur d'âme et une poésie puissante qui les transfigurent.

Egalement observateur des scènes populaires, ses personnages représentés de face, dans une posture hiératique évoquent les peintures religieuses du Quattrocento italien.

Malgré une certaine gaucherie dans la composition, le dessin d'une grande netteté et les couleurs au relief éclatant constituent à leur façon une énigmatique harmonie qui nous saisit par son étrange douceur.

Le mariage


Dans les paysages parisiens une même délicatesse dans le rendu des matières et des lumières confèrent à ces paysages une atmosphère mystérieuse de paradis perdu. Avec ses arbres stylisés, comme brodés, ses nuages ouatés, ils offrent un véritable spectacle onirique.





Poétique, imaginatif, et libre, le Douanier Rousseau avait l'intelligence de la Foi. Malgré les moqueries des autres peintres dont il a longtemps été la risée, il a su garder son libre arbitre, avec à la fois le Classicisme des primitifs des XIIIème et XIVème siècles et l'ingéniosité créatrice des peintres modernes.

Naïf dans l'esprit et la sensibilité, mais naïf réaliste...

Du moins c'est ce qu'il a voulu laisser de lui dans ce qui aurait pu être son épitaphe, écrit par lui-même

"C'est après de bien dures épreuves qu'il arriva à se faire connaitre de nombre d'artistes qui l'environnent. Il s'est perfectionné; de plus en plus dans le style original qu'il a adopté et est en passe de devenir l'un de nos meilleurs peintres réalistes"

Car de son art, c'est lui qui en parle le mieux.

Vivent les naïfs !!!



Ève (1905-1907) 



Portrait de Monsieur X (Pierre Loti )- 1906


Exposition au Musée d'Orsay jusqu'au 17 juillet
" Le douanier Rousseau, L'innocence archaïque"
http://www.musee-orsay.fr/fr/evenements/expositions/au-musee-dorsay/presentation-generale/article/le-douanier-rousseau-43250.html?cHash=6a18bbfd55

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