dimanche 12 mars 2017

Helmut Newton ou cinquante nuances de gris







"Helmut Newton ou cinquante nuances de gris..." 
de Valérie Morales

Voilà la façon dont je conçois la photographie... ce n'est que de la beauté. La vraie beauté. Parfois dans ce qu'elle a de plus pur, la nudité la plus absolue ou un visage sans fard ...

Et puis parfois une scène devient sophistiquée, le décor c'est le personnage, ou aussi l'inverse... Il se pare, se travestit, fait effet sur une scène où il ne devrait pas avoir sa place.

Pas même les scènes sexuelles surprenantes, parfois décalées, mais jamais vulgaires.

Il n'y a rien de superflu d'inutile dans la photographie d'un tel artiste.

Car chaque photo est d'une élégance raffinée qui sublime la lumière autour de chacun de ses sujets.

Comme un peintre Helmut Newton prépare ses compositions... il commence par un Polaroïd puis il execute son oeuvre..

Quand arrive le portraitiste que ce soit dans l'expression vulnérable d'un regard ou dans la fragilité du velouté de sa peau "l'icône" redevient simple humain et nous touche dans sa profondeur. L'artiste est alors à son sommet et le "tableau" est incomparable.

Le génie de ce photographe c'est d'avoir su imposer en son temps, dans un milieu régit par ses propres codes, une vraie liberté de ton.

Les personnages de ses photos, qu'ils soient connus du grands public, icônes de la mode, du cinéma ou simples passants deviennent les acteurs d'une véritable scène de film.

Chacun y a sa place, son identité, quelque soit son origine ou son sexe, et s'affirme dans sa singularité.

Dans les photos d'Helmut Newton, pas de hiérarchie, ni d'idées préconçues. Les tabous son exclus... tous les tabous ! Le tout avec une classe absolue.

Quand aux femmes, elles sont encore plus libres et bien plus belles qu'elles ne l'ont jamais été. Là où la mode a longtemps figé leur beauté dans une simple élégance, les modèles de Newton sont l'expression même de l'esprit et de l'individualité.

Dans les nus, leur sensualité impudique et affirmée tout en révélant leur féminité, en fait des femmes symboles, fortes de leur pouvoir de séduction.

Leur beauté est alors à son apogée.














Pour en savoir plus....


Article de Matthias Harder - Conservateur en chef de la Fondation Helmut Newton

Il ne fait aucun doute qu'Helmut Newton est l'un des plus grands photographes du XXème siècle. Ses extraordinaires photographies de mode, ses portraits et ses nus continuent d'être montrés à ce jour. Ainsi, nous retrouvons également ces trois principaux genres dans cette exposition. Passant au-delà des formes traditionnelles de la narration, la photographie de mode de Newton est imprégnée d'élégance luxueuse et de séduction subtile, de citations culturelles et d'un sens de l'humour surprenant. Tout en vivant à Paris et Monte Carlo dans les années 70 et 80, le photographe a développé un style inimitable, y compris le jeu ou le mépris total pour les tabous.


Newton a travaillé pour de nombreux magazines internationaux et aussi directement avec des designers et des maisons de mode. Il est de notoriété publique que la mode féminine vise à séduire et que les photographes sont engagés pour cela. Dans les années 70, Newton a décidé d'aller plus loin en usant de la nudité réticente ou pure dans le monde visuel de la mode. Dans des hôtels luxueux, il fait glisser avec suggestion la bretelle du modèle pour révéler son sein, tandis que pour une prise de vue nocturne dans une allée parisienne, il fait poser une seconde femme nue au côté d'un modèle vêtu d'un smoking Yves Saint-Laurent. Alors que ces images insolites étonnaient et provoquaient dans le décor, elles révolutionnaient surtout la photographie de mode. En outre, les photographies de Newton renvoient à la transformation du rôle des femmes dans la société occidentale de l'époque.


Le potentiel créatif d'Helmut Newton était déjà présent dans son travail de mode des années 60, et comme nous le savons aujourd'hui, il y avait de la marge de manœuvre. Les images subtiles qu'il a produites maintes et maintes fois ont fait plus que simplement décrire la mode ; elles proposent aussi commentaires et interprétation. Cela vaut en particulier pour ses commandes ultérieures pour Yves Saint-Laurent, Thierry Mugler et Blumarine. Newton mettait en scène la mode dans les rues, dans les espaces publics ou, comme il le disait, « dans la vie », plus souvent que dans le studio. Il a placé les femmes sur un piédestal métaphorique, qui, contrairement à la photographie de mode antérieure, ne renfermait plus de galanterie, mais faisait plutôt appel à la confiance en soi des femmes. Certaines de ses images en noir et blanc nous rappellent des scènes de films d'Hitchcock, alors que ses tirages en couleur pourraient passer pour être précurseurs des films de David Lynch.


Newton a décrit les femmes comme des créatures actives et attrayantes, affirmées et érotiques, qui semblent dominer le paysage, ainsi que les hommes qui apparaissent occasionnellement dans le décor. Sa fascination pour les femmes de caractère a atteint son zénith dans les années 80 avec la célèbre série plus grande que nature Big Nudes (Grands Nus). L'idée non conventionnelle de présenter la mode contemporaine avec des modèles vêtus et non vêtus dans les diptyques était un thème qu'il avait déjà travaillé au milieu des années 70. Avec ses Big Nudes et les images de sa série Naked and Dressed (Nu et Habillé), Newton avait ouvert une nouvelle dimension de l'image photographique humaine. Cette dernière série a été réalisée en plein air au printemps 1981 pour le magazine Vogue italien, suivie de plans en studio pour Vogue France quelques mois plus tard.


Il y a aussi des extraits de ces séries au sein de l'exposition Icônes à Nice. Une partie de l'exposition est tirée de la rétrospective Newton Work, organisée à l'occasion de son 80ème anniversaire. Une autre partie, intitulée Private Property Suites, est composée de 45 photos célèbres en noir et blanc sélectionnées par Newton lui-même en 1984.

La photographie de mode a toujours été l'aspect le plus important du travail de Helmut Newton. Ces dernières années, elle s'est libérée des magazines et est considérée comme un média de premier plan à part entière. De nombreuses expositions muséales ont suivi cette tendance. Le marché de l'art et de la vente aux enchères a propulsé des tirages de quelques photographes de mode classiques et contemporains à des hauteurs imprévisibles. C'était encore très différent dans les années 60 et 70, quand Irving Penn, Richard Avedon, William Klein ou Helmut Newton travaillaient dans des éditoriaux de magazines. Certaines de leurs photographies sont devenues iconiques et certaines de ces icônes peuvent être vues dans cette exposition.

Exposition Helmut NEWTON - " Icônes " 17 février – 28 mai 2017 au Musée de la Photographie Charles Nègre - 1, Place Pierre Gautier – 06300 Nice

Biographie

De père juif allemand et de mère américaine, le jeune Helmut suit ses études au lycée Werner von Trotschke de Berlin, puis à l'École américaine de Berlin. Il s'intéresse très tôt à la photographie et, dès 1936, devient l'élève de la photographe allemande Else Simon, dite « Yva », à qui il doit son style de photographie. Il quitte l'Allemagne nazie en 1938. Après avoir travaillé pendant un temps à Singapour, il émigre en Australie. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il rejoint l'armée australienne où il est affecté à la logistique.

En 1948, il épouse l'actrice australienne June Brunell. Après la guerre, il travaille comme photographe en indépendant, en réalisant des photos de mode ainsi que des travaux pour le magazine Playboy. À la fin des années 1950, il se concentre davantage sur les clichés de mode. Il s'installe à Paris en 1961 et devient un photographe de mode très productif. Ses travaux apparaissent dans de nombreux magazines, en particulier dans Vogue. Son style, parfois d'une subjectivité sensuelle, est marqué par l'érotisme, par des scènes stylisées et, souvent, par une violence sous-jacente. À partir de 1970, sa femme June se lance aussi dans la photographie, sous le nom d'Alice Springs.

Cette exposition, conçue spécialement pour le Musée de la Photographie, a été réalisée en collaboration avec la Fondation Helmut Newton à Berlin. La Ville de Nice tient à remercier son Conservateur, Monsieur Matthias Harder, qui a permis de montrer pour la première fois à Nice cet ensemble d’images devenues iconiques, ainsi que Madame June Newton, pour le soutien et l’aide apportés durant ces derniers mois.

1920 : Naissance d'Helmut Newton à Berlin

1930 – 1934 : Helmut Newton étudie au Heinrich von Treitschke Realgymnasium à Berlin-Schöneberg.

1934 – 1938 : Il réside à Berlin-Halensee.

1934 – 1935 : Il suit les cours à l'école américaine de Berlin-Schöneberg puis à l'école secondaire de Berlin-Grunewald.

1936 – 1938 : Il devient l’élève de la photographe de portrait, de nu et de mode Yva à Berlin-Charlottenburg.

1938 : Il s'enfuit de Berlin par le train vers Trieste, emmenant avec lui deux appareils photos. Il trouve du travail au Straits Times de Singapour.

1940 : Il arrive en Australie et sert pendant cinq ans dans l'armée australienne.

1946 : Il devient un citoyen australien.

1947 : Il rencontre l'actrice June Brunell, qui pose comme modèle pour lui. Ils se marient un an plus tard.

1956 : Il voyage à travers l'Europe. A Londres, il décroche un contrat d'un an à Vogue britannique et quitte le magazine 11 mois après. Puis il va à Paris avant de retourner à Melbourne où il obtient un contrat avec Vogue Australie.

1961: De retour à Paris, il s'installe dans le quartier du Marais et travaille à temps plein avec Vogue France. Il collabore occasionnellement pour Vogue britannique.

1964 – 1966 : Il est éditorialiste pour Elle France.

1964 : Il acquiert une maison et de la vigne à Ramatuelle, non loin de Saint-Tropez, où le couple passe ses vacances.

1966 : Il renouvelle son contrat avec Vogue France, avec Francine Crescent comme rédacteur en Chef.

1970 : June Newton (alias Alice Springs) commence sa carrière en tant que photographe. Lorsque son mari est malade, elle intervient pour une publicité pour des cigarettes.

1971 : Helmut Newton fait une crise cardiaque à New York. Il passe sa convalescence à l'hôpital de Colline Lennox, New York.

1975 : Il monte ses premières expositions dont sa première exposition personnelle à la Galerie Nikon à Paris. Le succès commercial ne se fait pas attendre.

1976 : Il publie son premier volume de photographies de femmes blanches.

1981 : Helmut et June Newton déménagent de Paris à Monaco, puis passent les mois d'hiver à Los Angeles.

1990 : Il obtient le Grand prix national de la photographie.

1992 : Il est décoré « Officier de l'Ordre des Arts, Lettres et Sciences » à Monaco, ainsi qu’à la Cérémonie de la Grande Croix du Mérite de la République Fédérale d'Allemagne.

1996 : Il est décoré « Commandeur de l'Ordre des Arts et Lettres » par le ministre français de la culture.

2000 : Une grande rétrospective itinérante est organisée pour son 80ème anniversaire, à la nouvelle galerie nationale Neue Nationalgalerie à Berlin, suivie de Londres, New York, Tokyo, Moscou et Prague, entre autres.

2003 : Un accord est signé pour la création de la fondation Helmut Newton à Berlin, avec la fondation du Patrimoine culturel prussien Stiftung Preussischer Kulturbesitz.

2004 : Helmut Newton meurt à Los Angeles. La fondation Helmut Newton ouvre peu de temps après sa mort.