dimanche 31 janvier 2016

Chantal Tronquit Ballester, d'Aix à Agadir



De Cézanne et sa Provence...


Buste de Cézanne


Je me souviens de Chantal quand nous nous croisions aux réunions de famille. Tout ce que je savais d'elle alors, c'est que c'était une belle jeune femme, et qu'elle venait de se marier à un brillant avocat. Et c'est à peu près tout.
C'était il y a quelques années. 
Un jour on m'a dit qu'elle sculptait, qu'elle avait même un certain succès, puis elle a quitté Aix pour vivre à Agadir au Maroc.

Ce n'est que bien plus tard que j'ai retrouvé cette cousine à travers une page sur un réseau social. J'y ai trouvé son histoire, du moins celle de son oeuvre, en Provence d'abord où elle avait orné sans que je le sache à l'époque certains des plus beaux monuments de la région, puis à l'étranger où elle a réalisé pendant vingt ans des expositions publiques collectives ou privées, des oeuvres monumentales comme le buste de Cézanne ou Dali, ou encore de petites pièces telles que des trophées, des bustes, des bas-relief, des médailles...

... à l'argile d'Agadir.

Depuis quelques années résidente au Maroc, l'artiste Chantal Tronquit et son talent se sont enrichis, comme la Beauté d'une femme s'ennoblit avec la maturité.

Son art, à son image, est passé du stade de la jeune femme en fleur, gracieuse et menue, émouvante dans sa pureté, à cette oeuvre épanouie avec ses formes pleines et sensuelles qui nous parlent de la vraie Vie avec ses douleurs et ses fêlures mais aussi son humanité et sa force généreuse.

Peintures et sculptures se juxtaposent désormais dans un récit humaniste chargé d'influences mêlées, provençales pour certaines, orientales pour d'autres mais toujours tintées de ses origines Gadiries, avec toujours ce foisonnement de couleurs chaudes et généreuses comme le soleil et l'amour de la terre qui sont leur dénominateur commun.


“Mes œuvres sont quelque part marquées par le séisme" 

«Je suis artiste, et mes premières sculptures, mes premiers modelages viennent de l'argile de l'oued Tildi, car je suis née dans le quartier de Yachech. J'ai eu une enfance très heureuse. J'étais peut-être un peu sauvage parce que j'aimais marcher pieds nus dans l'oued avec des enfants du quartier. Mais j'ai été très marquée par mon enfance à Agadir et en particulier à Yachech, le Robinson (la guinguette) et les gens qui vivaient à Agadir.

Je me souviens encore qu'il y avait une marbrerie qui se trouvait juste à côté de la maison. C'est pour cela que le marbre m'intéresse beaucoup et que je l'utilise pour mes sculptures.

J'ai perdu ma grand-mère et mon oncle paternel lors du tremblement de terre d'Agadir. Ce fut pour moi un grand malheur.Et pendant des années, j'ai pensé à ça et à tous les gens qui sont morts, toutes les anecdotes... J'étais très jeune, mais ça m'a tellement marquée que j'en ai gardé beaucoup de souvenirs : ma tante maternelle, qui était enceinte, a été ensevelie sous les décombres. On a pu la sauver, mais toute ma famille et tout le monde à Agadir ont subi le choc du tremblement de terre. C'était terrible.

Donc, tout ça m'a beaucoup influencée. D'ailleurs,mes œuvres sont quelque part marquées par le tremblement de terre d'Agadir. J'ai même donné le nom d'Abysses à quelques-unes de mes sculptures...

Je suis partie en France,mais pour moi la terre, l'odeur de la terre, les couleurs du Maroc et surtout de l'oued, les hommes bleus et tout ça a toujours été pour moi une source d'inspiration. Et c'est pour cela que je suis vraiment très contente d'avoir eu l'occasion d'exposer dans ma ville natale avec mon ami Abdallah Aourik». 

Liberation 29-02-2012





Le Gardien ( bois pigments feuilles d'or et d'argent) Créé en 2010 pour l'exposition à Agadir avec Aourik




Chantal Tronquit, l’Alchimie des formes 

"Chantal Tronquit a exploré pour elle même la chaîne complète qui des doigts du sculpteur pétrissant la forme s’achève avec la patine qui personnalise chaque fonte, il est rare en effet de rencontrer un sculpteur qui apprenne à devenir son propre fondeur et qui caresse les finitions de ses œuvres, découvrant au passage le monde infini des patines, seconde peau du métal sculpté, celle qui est unique et qui évolue comme matière vivante.

Ce faisant elle a approché l'alchimiste et les férus d'alchimie se sont approchés d'elle, lui conseillant le meilleur des vieux grimoires. "Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas", dit la table d'Emeraude si souvent citée. Mais l'Hermès ajoute ce que l'on oublie aussi assez souvent: "pour que se perpétuent les miracles de la chose une". Ainsi sont multiples les uniques formes de Chantal Tronquit."
 Article de Alanzen di GENOVA (Professeur d’Art et auteur de nombreux ouvrages sur la peinture)



"Osmose" - Bronze patiné - Collection particulière

Une étoile est née



"Petit chemin" Huile et pigments sur toile - 2008 - Collection Particulière.




"Les feux de la Saint Jean" - Huile et pigment sur toile - Collection particulière.




"Al andaluz"



Femme berbère - huile et pigments sur toile ...2015



Autres articles la concernant :
http://www.agadir1960.com/forum/viewtopic.php?t=542



lundi 25 janvier 2016

"L'Expo" qui rallie Picasso au Pop Art ? Au monde ?

7 octobre 2015 - 29 février 2016 
Au grand Palais - "Picasso Mania"



Picasso, du Pop Art au mythe universel

Cette exposition autour de Picasso et de ses disciples tendrait à nous en prouver le bien fondé.  A travers une centaine de chefs d'oeuvres de Picasso (les demoiselles d'Avignon, Guernica) confrontées à celles des plus grands artistes contemporains (David Hockney, Jasper Johns, Roy Lichtenstein, Andy Warhol, Jean Michel Basquiat...), le Grand Palais présente les différentes étapes de la formation du mythe et ceux qu'il a influencés. 
Que ce soit en Europe ou sur le continent Américain, en Asie ou en Afrique, comment la Picasso Mania s'est elle perpétuée jusqu'à aujourd'hui ?

"Picasso Goes Pop" 
C'est un des grands thèmes de cette exposition visant à nous démontrer l'influence majeure de Picasso dans le Pop Art.

« Il a poussé les artistes à trouver leur propre chemin », affirme l’artiste new-yorkaise Faith Ringgold. « Je me sens très proche de lui », confie Bertrand Lavier. « Il m’a ouvert l’horizon » remarque Jeff Koons. « Ce n’est jamais fini », résume Philippe Parreno pour la leçon qu'il a apprise chez Picasso, et la cinéaste Agnès Varda n’hésite pas à avouer « un sentiment d’amourosité » envers le maître.


Autoportrait bleu de Pablo Picasso
Le Baiser de Pablo Picasso
Still-life Blue Car de David Hockney
“Dick Eyes” from the Pirate Head Series de Paul Mc Carthy
Woman with flowered hat de Roy Lichtenstein

"Ces artistes se souviennent de la liberté parfois prise par Picasso dans ses recherches plastiques. Ils utilisent eux aussi une grande variété de matériaux : aux plus traditionnels comme l’huile sur toile, le bronze ou le pastel s’ajoutent les collages photographiques, la peinture acrylique, le plastique, les animaux naturalisés et la vidéo..."




PICASSO, Pablo 1881-1973 Tête de femme désespérée, 1938 Huile sur toile, 55 x 46 cm
BASQUIAT, Jean-Michel, 1960-1988 Self-Portrait, 1985

La Picasso mania


C'est en 1981 lors de deux exposition au Kunstmuseum de Bâle et à la Royal Academy à Londres au sujet de l'art contemporain que les organisateurs découvrent le petit séisme que représente l'évolution de la peinture figurative. Parmi les oeuvres majeures qui y sont présentées, celles de Picasso dans sa dernière période.

Dans ces années 1980, Andy Warhol avec sa série "Tête" (d’après Picasso) ainsi que Jasper Johns avec "les Quatre Saisons" puis les artistes du Street Art comme Jean-Michel Basquiat qui se représente en Picasso, George Condo et de très nombreux autres artistes subissent l'influence mythique du maître.

Picasso un mythe universel 
« Les Demoiselles » d’Afrique et d'ailleurs

Que ce soit en Chine avec les deux beaux portraits de Yan Pei-Ming et Zeng Fanzhi ou en Inde avec l'artiste Atul Dodiya, Picasso a influencé des artistes du monde entier mais surtout les africains.

« Pour de nombreux artistes africains ou afro-américains, Picasso est extrêmement important, affirme Émilie Bouvard, parce que, avec Les Demoiselles d’Avignon, il est parmi les premiers artistes occidentaux à s’intéresser d’une manière massive et très radicale à l’art africain. Romuald Hazoumé réalise des sculptures et des assemblages à partir de bidons qui évoquent des masques, mais qui reprennent une technique picassienne – consciemment ou non d’ailleurs. Wangechi Mutu est une artiste afro-kenyane qui pratique le collage pour revoir la position de la femme africaine et les fantasmes associés à la femme africaine. On présente aussi des photographies du Béninois Leonce Raphael Agbodjelou qui a repris dans une série de photographies la question des Demoiselles d’Avignon en présentant des prostitués avec des masques africains. »

"Les demoiselles de Porto Novo" 2012 de Leonce Raphael Agbodjelou (Bénin)



"Les Demoiselles d'Alabama" (Des Nudas) (1985), de Robert Colescott.


"Les Demoiselles d'Avignon" - Picasso 1907


Sources :

http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/picassomania#sthash.vHJsjL9i.dpuf
http://www.rfi.fr/afrique/20151007-picassomania-grand-palais-faut-il-ceder-exposition
http://www.grandpalais.fr/pdf/dossier_pedagogique/dossier_pedagogique_picasso.pdf

mercredi 20 janvier 2016

"Exposition Der Sturm" Herwarth Walden, le découvreur de talents du siècle dernier


EN FAVEUR DES FEMMES ARTISTES 

Parmi les belles expositions en cours, voici un très bel hommage à Herwarth Walden, de son vrai nom Georg Lewin, qui a lui-même si bien honoré les femmes artistes durant les années 1910-1930.

Né à Berlin en 1878, il a fini ses jours dans un camp de prisonniers russe où il avait été enfermé par le régime stalinien à cause de son approche de l'art moderne, cet homme a toute mon admiration pour avoir défendu ses idées, et marqué le monde de l'art, en toute impartialité envers les femmes.

Musicien, compositeur, écrivain, et critique, il était surtout connu comme le fondateur de la revue expressionniste "Der Sturm" (l'orage) en 1910, grand précurseur dans le domaine de l'art et véritable séisme dans la liberté de son courant.

Peu après la création de son journal, il avait également créé une galerie d'art du même nom, qui devint célèbre, propulsant sur le devant de la scène des artistes, dont beaucoup de femmes, dont les talents artistiques étaient peu reconnus en ce début de siècle. Issues de différents pays elles représentaient un réseau d'amis avant-gardistes s'opposant aux idées traditionalistes d'une société bourgeoise et plaidant la liberté totale dans différentes sortes d'art ou de styles.

Le mouvement devint un concept et des soirées Sturm (ateliers ou soirées théâtre, cabaret...) favorisant l'échange de différents courants artistiques eurent lieu s'ouvrant à un large public.

Considéré comme un visionnaire et et un pionnier de l'art abstrait en général, Herwarth Walden a représenté pour toutes ces femmes artistes du début de siècle dernier leur première vraie chance, n'ayant pas les mêmes possibilités d'accéder aux études et jamais vraiment reconnues par la société dans leur statut d'artistes comme leurs homologues masculins.

Il les a promues envers et contre tous sans jamais se laisser influencer par les préjugés de cette époque, soulevant des vagues de critiques et de suspicion. Ses idées largement controversées lui furent néfastes en Russie où il passa ses dernières années jusqu'à son internement dans un camp où il mourut en 1941.


L'EXPOSITION STURM POUR LES FEMMES ARTISTES
Au Schirn Kunsthalle à Francfort depuis fin Octobre 2015

Elle présente 18 "femmes Sturm" dont Sonia Delaunay, Alexandra Exter, Natalja Goncharova, Else Lasker-Schüler, Gabriele Münter, Marianne von Werefkin et bien d'autres moins connues représentant l'expressionnisme, le cubisme le furturisme, le contructivisme...

Avec environ 280 oeuvres présentées, dont également celles de Wassily Kandinski, Marc Chagall, Oskar Kokoschka, Paul Klee, les artistes de Der Blaue Reiter, les futuristes italiens.




Marcelle Cahn - Femmes et voiliers 1926


Sonia Delaunay - Marché portugais 1915


Natalja Goncharova - Jardinage 1908


LA LISTE DES ARTISTES


Vjera Biller (1903–1940), Marcelle Cahn (1895–1981), Sonia Delaunay (1885–1979), Marthe Donas (1885–1967), Alexandra Exter (1882–1949), Natalja Goncharova (1881–1962), Helene Grünhoff (1880−?), Jacoba van Heemskerck (1876–1923), Sigrid Hjertén (1885–1948), Emmy Klinker (1891–1969), Magda Langen­straß-Uhlig (1888–1965), Else Lasker-Schüler (1869–1945), Gabriele Münter (1877–1962), Hilla von Rebay (1890–1967), Lavinia Schulz (1896–1924), Maria Uhden (1892–1918), Nell Walden (1887–1975), Mari­anne von Were­fkin (1860–1938).

dimanche 10 janvier 2016

Rebecca de Cachard, artiste aixoise




REBECCA LA CROQUEUSE DE COULEURS

"Peindre c'est puissant comme un baiser donné au soleil" dit-elle.
Elle, c'est Rebecca de Cachard, jeune artiste peintre aixoise, que j'ai découverte via les réseaux sociaux et à laquelle je me suis intéressée sans savoir que nous étions nées dans la même ville.
Ses couleurs sont d'une telle intensité : une véritable explosion de couleurs qui vous accrochent le regard comme des bonbons acidulés que l'on convoite et qui vous font saliver. Elles nous renvoie vers notre enfance et les plaisirs candides de la vie avec son style d'une jolie naïveté et d'une grande jeunesse, parfois un peu dissipée à la manière de Chagall.
Les personnages sont issus des meilleurs mythes : Neptune et Vénus, mais aussi du Centaure, d'animaux merveilleux, d'anges..., tous ces héros de nos vies extraordinaires qui, deci delà, évoquent un univers teinté d'une belle spiritualité. 
Et puis il y a l'amour, l'universel, et l'amour romantique, sensuel. Ses amants sont joyeux, sensibles, gracieux, dans l'espoir, les retrouvailles. 
On ne parle que du bonheur dans cette belle symphonie écrite par Rebecca de Cachard.


SA BIOGRAPHIE

On dit que la déesse Iris déployant son écharpe produisait l'arc en ciel. Rebecca de Cachard a reçu en cadeau de naissance les sept couleurs de ce météore lumineux. Née à Aix-en-Provence en 1969, Rebecca de Cachard a, dès sa plus tendre enfance, trempé son pinceau et ses doigts dans des godets de peinture et fait jaillir sur la feuille blanche tout un monde fabuleux, solaire, éclatant.


Elle a suivi des études au Conservatoire d’art dramatique tout en peignant et dessinant pour son plaisir. A 18 ans, elle est entrée à l’Ecole des beaux-arts de Beaune où elle s'est formée à la peinture, la sculpture sur bois et l’ornementation.


Rebecca de Cachard se révèle aujourd’hui dans un art qu'elle a conquis seule avec un talent évident. Au fil du temps, des joies et des épreuves, Rebecca nous donne à voir des toiles qui nous parlent de la vie, de la beauté des choses, des surprises de l'amour. Si «aimer, c'est agir» comme l'a écrit Victor Hugo, pour elle peindre c'est respirer, c'est aussi nager dans ces eaux profondes, d'où elle nous rapporte des trésors immergés, fracas de mondes anciens, mythes et légendes, Neptune et Vénus aux corps morcelés dont elle s'efforce de rassembler les membres épars dans la solitude de son atelier. Et l'on assiste à la renaissance des amants trop longtemps séparés, les lèvres se rejoignent, les mains s'étreignent, les regards se cherchent et se taisent. On sait d'où reviennent ces créatures et dans quels abîmes il a fallu les chercher. La force créatrice qu'elle met dans ses œuvres, son univers fait de douceur et de sensualité nous embarque vers des mondes que nous ne pouvons plus atteindre.


Par la composition et les couleurs, la peinture de Rebecca a parfois la sérénité d'un vitrail, et l'on sent que cette artiste qui maitrise parfaitement l'art de la mosaïque n'est pas loin. Elle nous invite à ce voyage onirique où nous retrouvons une part de notre enfance.

LES COLLECTIONS EN 2015


PROMESSE SOUS LE CERISIER


DES FLEURS POUR MA BELLE 


L'ANGE NOIR ET BLANC SUR SON CHEVAL DE FEU


L'ECUYERE AU CHEVAL BLEU


PEGASE AUX PAPILLONS




L'ARBRE DE VIE


AUTRES COLLECTIONS








EXPOSITIONS PERMANENTES 

rebecca portrait web














REBECCA VOUS PARLE

J'ai pratiqué l'art de la mosaïque durant une vingtaine d'années, principalement pour les particuliers désireux d'avoir des pièces uniques et originales sous diverses formes dont des frises, carreaux, fresques pour salles de bains et cuisines. De ces années mosaïque j'ai gardé le goût pour le mélange des matériaux et des couleurs vives que m'apportaient les émaux de verre vénitiens.


Je raisonne mon dessin comme un mosaïste, avec ce besoin d'entourer mes formes, un peu à la manière d'un vitrail, cherchant à faire vivre mes couleurs dans la lumière. Ma peinture est figurative. C'est un alphabet de personnages imaginaires et poétiques, je les souhaite gais, décalés voir désarticulés par leurs compositions, embrassant ainsi tout l'espace de la toile et des sujets entremêlés. Mes toiles sont colorées, vous y verrez souvent des couleurs fluos, acidulées....


C'est une aubade joyeuse, un état d'âme. Mes formes sont simples, pensées et créées dans un esprit contemporain, elles sont aussi simples que minutieusement travaillées jouant avec les différentes matières afin que l'œil n'en finisse pas d'en découvrir un peu plus à chaque regard. Je souhaite que mes toiles soient un hymne au bonheur, un message d'amour, un fil conducteur vers un sentiment de liberté, un espace à la fois aérien et solaire.













dimanche 3 janvier 2016

"Le Printemps" de Botticelli ou le Renouveau




"Le printemps" 1482




Ce sont les premiers jours de la nouvelle année, la période idéale pour faire "le grand nettoyage" de tout ce qui nous a encombré année après année, appauvri, endeuillé, révolté avec l'espoir d'un avenir meilleur, souvent d'un meilleur soi-même.

Dans cette "noble croisade" de nouvelles résolutions, j'ai envie de parler de ce qui représente pour moi l'oeuvre du renouveau, le symbole de la pureté par excellence et ma première émotion picturale: "Le Printemps" de Botticelli.

Parmi les premières oeuvres qui ne se réclament d'aucune religion, de tradition ou de croyance, d'aucune race, d'aucune hierarchie, encore moins d'un parti politique ... cette peinture de Sandro Botticelli de l'école Florentine de la Renaissance Italienne, même si elle remonte au 15ème siècle, en pleine crise religieuse, est une ode intemporelle à la pureté.

"Soit joyeux si tu le peux car demain point de certitude" voici l'extrait du poème de Laurent le Magnifique qui influença Botticelli dans sa période heureuse ou il était reconnu par les Médicis.

"Le printemps" nous parle d'un idéal de vie où la beauté et la perfection sont représentées comme des valeurs essentielles : beauté des personnages, (la Vénus et les trois Grâces inspirées de la mythologie gréco-romaine) aux traits excessivement fins et aux formes longilignes, transparence et légèreté des voiles, et harmonie des déhanchements gracieux quasi maniéristes dans cette ronde féminine au coeur d'un sous bois fleuri.

Et c'est une insouciance presque enfantine qui domine dans ce décor mystique évoquant les tapisseries millefleurs qui en subliment sa magie.

Dans cette oeuvre, nul ne se laisse attraper par la noirceur du fanatisme religieux avant que le moine Savanarole ne sévisse quelques années plus tard en brûlant au "bûcher des vanités" ces témoins majeurs de la beauté universelle que représente la peinture de Botticelli.

1485 - La naissance de Vénus





Autre œuvre majeure de Sandro Botticelli, "la naissance de Vénus" dont le modèle était  Simonetta Vespucci, considérée comme la plus belle femme de son époque. Morte de pneumonie à l'âge de 23 ans en 1476, tous les portraits célèbres de Botticelli la représentant sont posthumes. Influencée de l'antiquité classique l'ancienne "Vénus anadyomène" célèbre également la pureté de cette beauté féminine sortant de l'eau.

La naissance de Vénus (Extrait de "Albums de vers anciens") - Paul Valéry


De sa profonde mère, encor froide et fumante,
Voici qu’au seuil battu de tempêtes, la chair
Amèrement vomie au soleil par la mer,
Se délivre des diamants de la tourmente.

Son sourire se forme, et suit sur ses bras blancs
Qu’éplore l’orient d’une épaule meurtrie,
De l’humide Thétis la pure pierrerie,
Et sa tresse se fraye un frisson sur ses flancs.

Le frais gravier, qu’arrose et fuit sa course agile,
Croule, creuse rumeur de soif, et le facile
Sable a bu les baisers de ses bonds puérils ;

Mais de mille regards ou perfides ou vagues,
Son œil mobile mêle aux éclairs de périls
L’eau riante, et la danse infidèle des vagues.


Exposition "La Renaissance de Botticelli" à la Gemäldegalerie à Berlin

du 29 septembre 2015 au 24 janvier 2016

"Le peintre florentin Sandro Botticelli, l'un des plus grands artistes de la Renaissance, est ici mis à l’honneur sous un angle original. L’exposition réunit des œuvres du peintre et des œuvres d’autres artistes qui, à partir du XIXe siècle et jusqu’à aujourd’hui, s’inspirèrent des travaux de Botticelli et le prirent pour modèle.

L’exposition retrace donc l’histoire de cette renaissance que connurent les œuvres du maître. Elle tente aussi de comprendre ce qui a transformé un artiste du XVe siècle en une icône du pop art. Dans cette perspective, plus de 100 pièces majeures de l’art européen sont rassemblées."

Informations pratiques
http://www.smb.museum/en/exhibitions/detail/the-botticelli-renaissance.html
Du 24 septembre 2015 au 24 janvier 2016
Matthäikirchplatz, Berlin

Vous retrouverez cette exposition au Victoria and Albert Museum de Londres en 2016.