dimanche 27 août 2017

William KLEIN, un éternel jeune homme de génie"


William Klein , un éternel jeune homme de génie" de Valérie Morales
Exposition au Musée de la photographie Charles Nègre à Nice du 16 juin au 2 octobre 2017




"Le 16 juin, avait lieu l'ouverture de l'exposition
"Bises de Nice, Moscou et Tokyo" au Musée de la Photographie Charles Nègre à Nice.


Trois thèmes au titre léger qui représentent en réalité une infime partie de l'oeuvre dense et intense du photographe américain William Klein.

Chacun de ses clichés semble le fruit d'un hasard, d'un instant volé au détour d'une rue, et cependant... C'est la réalité qui nous frappe de plein fouet dans ce vibrant témoignage, reflet d'une époque, d'une catégorie sociale, d'un événement phare ou évoquant une simple scène de rue.

En apparence anodines ses photographies nous transportent vers trois univers aux antipodes les uns des autres.
La première salle raconte "Nissa la bella", colorée et enjouée, fêtant le centenaire de son Carnaval en 1984. Les scènes sont festives, les couleurs franches et les personnages ludiques, presque caricaturaux.

Puis on arrive dans la salle où Moscou est représentée en pleine guerre froide en 1964. Se cotoient les visages de jeunes femmes pleines de vie aux sourires éclatants, et des personnages simples, comme ces vieillards dormant sur un banc dans une scène de la vie ordinaire.

Tokyo, à la même époque avec ses désordres urbains, est photographiée par Willliam Klein avec la même authenticité. L'artiste semble figer ses personnages, surpris dans un moment clé, un instant fugace, qui peut changer une vie, ou même l'histoire.

Dans ses photos à la fois hurlant la joie de vivre puis criant de douleur, entre les noirs et blanc contrastés soulignant la dureté d'une scène et les couleurs violentes de l'allégresse carnavalesque, les photographies de William Klein jouent de nos émotions avec la fougue inconsciente d'un éternel jeune homme de génie." 


















Biographie

Né en 1928 à New York, William Klein mène en France depuis 1947 une carrière de photographe, de peintre et de réalisateur de films. Après des études de sociologie, il est envoyé en Allemagne dans les troupes d’occupation. A l’issue de ce séjour, il choisit de bénéficier d’une bourse d’aide « franco-américaine » pour étudier à la Sorbonne, mais il est plus attiré par la peinture et fera un court séjour dans l’atelier de Fernand Léger avant de se consacrer entièrement à une peinture abstraite géométrique. Mais la photographie l’intéresse et il réalise alors des clichés abstraits qui attirent l’attention.


En 1954, il rencontre Alex Libermann, directeur artistique de l'édition américaine de Vogue qui lui propose un contrat et des moyens financiers pour poursuivre son travail. Il devient l'un des photographes attitrés de Vogue. A l’occasion d’un séjour à New York, il réalise un « journal photographique » et en tire un livre, New-York, qui sortira au Seuil en 1956, grâce au soutien Chris Marker. Son travail photographique novateur suscite des réactions violentes, il contraste violement avec tout ce qui se fait. Noirs saturés, images décadrées ou bougées sont le propre d’une « action-photography » qui veut entrer dans la modernité, celle du New York Daily News qui tirait à trois millions d’exemplaires, séduisant et inspirant la peinture d’Andy Warhol et de Robert Rauschenberg.

L’année suivante, il obtient le prix Nadar et le livre, quasiment introuvable, devient un objet de collection. En effet, avec New-York, William Klein a initié une véritable rupture avec les images propres, parfaites, autonomes et immédiatement lisibles qu’étaient celles de Cartier Bresson ou de Doisneau. Pour William Klein la photo doit bousculer, ne prétendre à aucune objectivité documentaire. Le photographe là peut mettre en scène, interagir avec le sujet. Le regard de la caméra est dans ce sens percutant. William Klein a su imposer un style et un regard instinctif, la réalité est vécue avec subjectivité et montrée comme elle est : parfois dérangeante, parfois violente, toujours fascinante.


Pour cette exposition, conçue spécifiquement pour l’espace du Musée de la Photographie Charles Nègre, trois thèmes ont été retenus:
Nice, et tout particulièrement le Carnaval et les batailles de fleurs, une série en couleurs, très rarement montrée, réalisée en 1984 lors du centenaire de cette fête si emblématique de notre cité ;
Moscou, un livre édité en 1964 (mais les images ont été prises entre 1959 et 1961) qui dresse un portrait déroutant de cette ville et de sa population. « J’avais l'intention de faire un livre sur Moscou, dit-il, et je pensais qu'en tant qu'Américain en pleine guerre froide, j'aurais des problèmes. J'avais tort, je n'ai jamais eu de problème. Les gens n'avaient pas l'habitude de voir quelqu'un avec un appareil photo se baladant parmi eux. »Et le résultat, ce sont ces images d’un monde révolu où la lumière s’insinue brièvement pour souligner les traits séduisants d’un visage entraperçu dans les couloirs d’une gare ou sous les frondaisons d’un parc ;

Tokyo, ville découverte en 1961 et dont les photos furent publiées en 1964. Des images qui sont le reflet de la rencontre de l’artiste avec le désordre urbain où la violence des avant-gardes artistiques. Entre tirages noir et blanc grands formats et contacts peints, cette série témoigne de la vision percutante du photographe et de son génie qui l’ont fait reconnaître comme l’une des figures les plus emblématiques de la scène artistique internationale.

EXPOSITION DU 16 JUIN AU 2 OCTOBRE 2017